jeudi 30 décembre 2010

Bonne année 2011

L'année 2010 tire à sa fin.  "Enfin!", diront certains.  "Pas déjà!", diront les autres.  Je suis un peu ambivalente.  Oui l'année 2010 a été difficile, mais 2011 sera t'elle pire?  À suivre...

Que pouvons-nous se souhaiter pour cette nouvelle année?  Du bonheur et de la santé, évidemment.  Mais peut-être un peu plus .  Apprécier les autres, plutôt que de les juger. Jouer avec nos enfants, plutôt que les gronder.  Prendre soin de nos parents, plutôt qu'en être dépendant.  Se faire de nouveaux amis, plutôt que d'en perdre.  Donner, plutôt que de recevoir.  Avoir une oreille attentive, plutôt que de s'écouter parler.   Être généreux, plutôt que d'accumuler.  Surprendre, plutôt que de décevoir.  Se voir, plutôt que de s'ignorer. Faire la paix, plutôt que de blesser.  Faire rire, plutôt que de faire pleurer.  S'attacher aux autres, plutôt que s'isoler. Aimer, plutôt que mépriser.  Voilà, AIMER.  Ça sera mon souhait pour cette année.
Ma résolution : Aimer plus souvent, Aimer plus de monde, Aimer plus fort, Aimer mieux

Bonne année 2011 à tous

mardi 7 décembre 2010

L'adoptée

Comme tout enfant adopté, j'ai mis du temps avant de croire que je ne serai pas à nouveau abandonnée.  C'était une peur très tenace qui m'a accompagné toute mon enfance.  Pour apaiser mon mal d'abandon, j'ai toujours  gardé espoir d'avoir été désiré par mes parents biologiques, juste un petit peu.  Ma mère, je l'ai tant idéalisée.  À mes yeux, elle était parfaite.  Idéaliser, c'est aussi se révolter contre l'abandon initial.
Je crois de plus en plus à la transmission génétique des blessures profondes. Il faut prendre conscience de l'importance de faire la paix avec nos traumatismes pour éviter de les transmettre à nos enfants.  Car au fil du temps, j'ai recueilli des informations sur ma famille biologique qui m'ont bouleversé.  J'ai eu l'impression de comprendre enfin (un peu!) qui je suis. 

Ma mère: Ma mère, alors âgée de 16 ans, est tombée enceinte par accident, comme cela arrive si fréquemment, ici comme ailleurs.  Sauf qu'elle vivait ailleurs, au Chili. Dans ce pays catholique, l'avortement n'était pas une option.
Moi : À 16 ans, je suis partie vivre en appartement avec une idée en tête : avoir un enfant.  Je n'avais jamais compris d'où me venait ce désir presque névrosé d'avoir un enfant à cet âge.  Pour réparer la gaffe de ma maman? Peut-être...

Ma mère:  Je suis née prématurément à 31 semaines de grossesse.  Une fois sortie de mon incubateur, ma maman m'a laissé m'envolé vers un pays lointain.
Moi : C'est finalement à 21 ans que j'ai eu mon premier bébé.  Un bébé prématuré né à 30 semaines et 6 jours de grossesse. Un bébé-Ange qui s'est envolé peu de temps après son premier souffle.

Ma mère:  Mon papa est décédé quelques temps après ma naissance... dû à un conflit politique sous le régime Pinochet, semble-t-il.
Moi : Mon "high-school Boyfriend" s'est enlevé la vie en se jettant d'un pont...dû à un conflit profond avec lui-même, semble-t-il.

Ma vie est intensément liée à celle de ma mère, de la même façon que mon vécu aura une influence directe sur l'avenir de mes enfants.  C'est important tout ça!  J'ai souvent trébuché sur des obstacles laissés sur le chemin et j'ai maintenant peur que mes enfants s'engouffrent dans mes failles.

Il y a tellement de choses que j'aimerais savoir sur toi maman, qui rendraient ma vie plus légère.  Où es-tu aujourd'hui.  J'espère que t'as pas abandonné, parce que moi je ne cesse jamais de lutter. Parfois la vie nous réserve de belles surprises, comme ces trois enfants qui te ressemblent peut-être. As-tu toujours ce besoin de liberté totale dont les gens m'ont parlé et que j'ai reçu en héritage.  Dis-moi comment m'en sortir.  Dis-moi comment m'attacher un peu.
Il y a tellement de choses que j'aimerais te demander.  As-tu été émue comme moi de voir à quel point un bébé si minuscule pouvait être si beau? As tu été dévastée comme je l'ai été lorsque ce petit bébé tout neuf t'a été enlevé? Pleures-tu le 20 décembre de chaque année, comme je le fais le 19 novembre?  Pourquoi la vie nous glisse-t-elle si souvent entre les doigts?

Il y a tellement de choses que j'aimerais te dire. Les mots se bousculent beaucoup trop dans ma tête.

Alors si jamais vous rencontrez Maria Isabel Guerra Godoy, dites-lui au moins que je l'aime de tout mon coeur...

samedi 6 novembre 2010

La Résilience...

Résilience : Fait de prendre acte de ses traumatismes pour ne plus vivre dans la dépression
Résilience : Aptitude à s'adapter, à réussir à vivre et à se développer positivement en dépit de circonstances défavorables

Résiliente: Personnalité qui résiste aux épreuves de la vie

Je suis Résiliente.  Pas que la vie m'aie apporté des épreuves pires que celles des autres.  Chaque vie est remplie d'épreuves, c'est certain.  La survie, c'est plutôt comme une course à obsacles.  Parfois on trébuche, parfois on manque un peu de souffle, souvent notre coeur débat.  On atteint tous un jour ou l'autre le fil d'arrivée.

Je ne suis pas une traumatisée de la vie, ni une dépressive.  Au contraire, les épreuves que j'ai vécues ont fait de moi une meilleure personne.  On dit que les enfants ayant une bonne capacité de résilience ont de meilleures chances dans la vie.  Je crois bien avoir déjà fait partie de ce groupe, moi qui a été abandonnée successivement  par mon père, ma mère, ma grand-mère, deux familles potentielles, etc.  Tout ça, avant d'avoir atteint l'âge de 4 mois. Je me surprends parfois à les aimer tous secrètement.  La rancune, je connais pas.

Parfois, il y a des épreuves qui remettent en question toute notre existence.  J'ai sûrement fait quelque chose d'atroce pour mériter pareille souffrance.  C'est du moins ce que je me suis dit lorsque le 19 novembre 2000,   ma bébé toute neuve est décédée dans mes bras.  Bien sûr, ma vie s'est replacée par la suite.   Nouveau conjoint, nouveaux enfants.  Mais depuis, j'ai une dette envers la vie, envers l'Enfance. Ma mission a changé, ou plutôt, je m'en suis trouvée une.  Changer le monde en sauvant les enfants, en les rendant capables d'une certaine résilience...