Il y a des moments dans la vie où l’on ressent un besoin d’écrire comme une lettre d’adieu. Juste au cas où demain n’arriverait jamais. Pour se racheter de toutes les fois où nous n’avons pas pris le temps d’un petit bonjour, d’un sourire, d’un baiser, d’une étreinte, d’un « merci », d’un « je t’aime ». Si le jour présent devait être le seul qu’il me reste, j’aurais tant de choses à confier.
À toi mon grand rebelle, si je savais que ce sont les dernières minutes qu’il me reste en ta compagnie, je te dirais « je t’aime », « je t’aime », « je t’aime », pour effacer de ta mémoire toutes les fois où j’ai dit du mal de toi. Tu n’es pas vraiment méchant. Je sais bien que tous le mal que tu fais autour de toi n’est en fait qu’une manière de te faire aimer. Et bien « je t’aime »…
À toi mon beau frisé, si je savais que bientôt ton visage disparaîtrait de ma vue, je te ferais un « colleux » qui durerait toute l’éternité. Je te parlerais du temps où mon imagination n’avait pas de fin, où les chevaliers, les princesses et les fées n’étaient pas que dans les contes. Ne délaisse jamais tes rêves, même les plus fous. Et je te donnerais des ailes, pour les baisers-papillons-doux…
À toi ma petite puce, si je savais qu’aujourd’hui, ce serait la dernière fois que je te verrais dormir, je m’étendrais près de toi, me blottirais dans ta chaleur. J’accepterais la présence de tous ces bébés de plastique autour de nous, pour pouvoir enfin caresser du bout des doigts, ne serait-ce qu’un court instant, ton dos si doux et si frêle. Je te raconterais à l’oreille l’histoire de cette petite fille qui, devenue grande, était rendue esclave de son indépendance à un tel point qu’elle refusait toute marque d’affection. On dit qu’elle eut le cœur gros, le jour de sa mort…
Vous ai-je dit que le chant des oiseaux me grise? Que le bruit de l’eau sous les ponts m’attriste? Qu’il existe en moi un espace secret où j’accumule des souvenirs précieux de chacun de vous?
Si ce soir je ferme les yeux et je m’envole, ce sera pour vous réserver une place à travers les étoiles. Mais si Dieu me faisait cadeau d’un petit peu de vie, et bien je prendrais le temps de trouver ce Elmo dans chacune des pages de ton livre, je chatouillerais chacun de tes orteils avec une plume magique, j’apprivoiserais chacune des touches de cette manette pour t’accompagner dans tes jeux vidéo.
Et j’irais finalement le prendre ce café en ta compagnie. J’écouterais ton histoire, te dévoilerais la mienne. J’enlèverais mes armures, de toute façon, elles sont trop lourdes.
Mais mon âme est si fatiguée. Et j’ai cette envie parfois de tout plaquer…