mercredi 13 juillet 2011

Le pays des enfants heureux

Il était une fois, dans une contrée pas si lointaine, un petit lutin que l’on appelait Farfelu.  Par une nuit étoilée, une fée, qui était peut-être sa mère, vint lui murmurer ceci à l’oreille :
« Tu es assez grand maintenant pour partir à l’aventure.  Sois curieux. Nage à travers les océans, gravit les plus hautes montagnes. Et qui sait, peut-être au passage découvriras-tu le pays des enfants heureux… »
Avant de quitter, la fée lui remit un petit jeu de cartes pourvu de pouvoirs magiques.
« Chaque fois que tu seras égaré, tire une carte de ton jeu et elle saura te guider ».
Le lendemain matin, Farfelu se mit en chemin.  Impatient d’arriver à destination, il tira une première carte : AS DE TRÈFLE.  Devant ses yeux surgit un majestueux château.  A l’intérieur, des milliers de jouets traînaient au sol.  Farfelu se mit à jouer pendant de longues heures, mais à sa grande surprise, il ne vit personne.  Aucun enfant pour partager ses rires.  Aucun adulte pour essuyer ses larmes.  Déçu, il quitta rapidement le château.
Ne sachant plus où se diriger, Farfelu tira une autre carte : DAME DE PÎQUE.  Il pénétra dans la petite maison qui apparût au bout du chemin.  Aussitôt, il vit une armée de lutins qui avançaient vers lui.  « Garde-à-vous! Au pas ! Halte ! », hurla la dame en noire.  Farfelu eut soudainement très peur.  Le sifflet retentit et il se retrouva au beau milieu du rang.  Il lui fallu plusieurs jours avant de réussir à s’enfuir…
Farfelu rentra chez lui, le cœur blessé.  « J’ai parcouru le monde et je n’en ai vu que la laideur.  Nulle part je n’ai trouvé quelqu’un qui pouvait m’écouter et me comprendre.» dit-il à la bonne fée.
« Ne perd pas espoir Farfelu.  Tu ne peux découvrir de nouveaux pays sans consentir à quitter, pour un temps, le tien.  Tu verras, le pays des enfants heureux n’est pas bien loin.»
Sur ces mots, Farfelu reparti à l’aventure, amenant avec lui sa petite sœur, encore frêle comme une fleur.  Il tira une nouvelle carte : DAME DE CŒUR. Après avoir gravit la plus haute des montagnes, Farfelu et Fleur arrivèrent devant une grande maison peuplée d’enfants, d’où émanait une chaleur réconfortante.  Ils n’avaient pas encore franchi le seuil de la porte qu’une dame de cœur vint les accueillir, leur fit visiter les lieux et les présenta à tout le monde.  Dans tous les coins de la maison, ils virent pousser des fleurs, des rires et des chansons.
« Mais qui sont ces dames ? », se demanda Fleur.
« Elles sont si réconfortantes avec leurs bras grand ouverts et si charmantes avec leurs douces paroles. », répondit Farfelu.
Farfelu observa la carte magique qu’il tenait toujours au creux de sa main. Une dame de cœur la tête en haut, et une autre, la tête en bas cette fois.  Dualité entre la sagesse et la folie, ou plutôt entre la sagesse des folles et la folie des sages.  Ce monde lui plaisait bien.
Au fil des jours, les dames de cœur leur firent voir le soleil et les oiseaux, leur firent sentir le parfum des fleurs, et même goûter au bonheur.  Ils s’amusèrent tant qu’ils en oublièrent les saisons.  Lorsque Farfelu décidait d’allumer ici et là de petites étincelles,  une dame de cœur en fit des lucioles pour éclairer un peu la nuit.  Et s’il lui soufflait des mots durs, elle les transforma en pétales pour sécher ses larmes.
Il y a dans ce pays joyeux la douceur sans pareille du miel des abeilles, et des fruits, et des roses.  Il y a toute cette bonté et cette force aussi dans les mains qui prennent Fleur et qui l’entraînent pas à pas vers le temps qui viendra.
Évidemment qu’un jour Farfelu et Fleur quitteront ce pays des enfants heureux.  Mais toujours, à leurs yeux, ces dames resteront des dames de cœur. Et lorsqu’ils devront tirer une à une les cartes de leur destin, ils sauront piger celle qui aura protégé leur enfance. 
Il n’y a peut-être pas de morale à cette histoire, pas plus qu’il n’y a de lutins, de fée ou même de pays des enfants heureux.  Mais il y a de ces dames avec de si belles âmes…

2 commentaires:

  1. J'aimerais bien aussi faire découvrir ce pays à mes enfants...

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  2. C'est magnifique! Merci pour cette belle histoire. Ton petit farfelu est un amour tu sais...

    M-E

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