lundi 22 août 2011

Mon Petit Prince

L'autre jour, alors que je m'affairais à remettre de l'ordre dans cette pile de papier qui traîne au beau milieu de la table, il m'apparu, tel le Petit Prince à St-Exupéry.

- " Maman, regarde le dessin que j'ai fait à l'école aujourd'hui "
- " Pas tout de suite, mon grand.  J'ai des choses à faire..."
- " Maman, pourquoi tu ne m'aimes pas, moi? "

Il aura fallu cette petite phrase pour qu'éclate en mille miettes mon coeur encore si fragile.  Nous nous sommes collés et nous avons pleuré. Soudainement, j'ai eu l'impression que le monde s'était arrêté.  Je me suis revue, 6 ans auparavant, portant dans mes bras ce petit être encore parfait.

J'ai été pour B* une mère surprotectrice.  Je ne voulais tellement rien manquer de ses premiers moments que je me le gardais pour moi toute seule.   Il était ma fierté, je l'avais dans la peau, dans le sang.   Je passais mes journées assise par terre à jouer avec lui.  Je ne mangeais pas, s'il ne mangeait pas.  Je ne dormais pas, s'il ne dormait pas.  Je ne respirais pas sans lui. Partout où j'allais, je l'amenais avec moi.  Chez des amis, au restaurant.  Là où il ne pouvait venir, je n'y allais pas. Bref, B* trônait bien au haut de son siège. 

La naissance de son jeune frère (que j'appelle Farfelu, allez-donc savoir pourquoi) l'a fait trébucher d'une marche.  Je me rappelle les crises qu'il nous faisaient durant les premiers jours de vie de son frère.  "Veux qu'il retourne à l'hôpital, veux qu'il s'en aille, veux pas de frère...", nous disait-il du haut de ses 2 ans. 
Farfelu n'était qu'un frêle bébé naissant que déjà B* lui mordait les orteils, le détachait de son siège pour le faire tomber.  Lorsqu'il a commencé à marcher, il l'entraînait dans les recoins les plus dangereux de la maison, avec l'espoir qu'il déboule, qu'il se coince, qu'il se cogne.  Évidemment, je veillais au grain.  Rien de grave n'est jamais arrivé.  Et lorsque B* invitait des amis à la maison, ils se liguaient contre Farfelu.  "Il est nono mon frère, hein?  On va lui mettre de la neige dans le cou!"  Et toujours, les petits amis suivaient, comme un vrai troupeau de moutons.  C'est qu'il a du leadership ce Big Brother.  Et maman veillait encore au grain.  Pas de neige dans le cou, Farfelu était sauvé in extremis, pour la millième fois.

Le problème c'est que B* n'a rien d'un grand frère.  Malgré tous mes efforts, il est incapable de prendre soin de son jeune frère ou de sa jeune soeur, de les protéger, de les aimer.  Il y a quelques mois, Farfelu a été hospitalisé.  Jamais B* ne s'est inquiété, il ne s'est même pas ennuyé.  Vous auriez du voir sa déception lorsque j'ai ramené Farfelu à la maison.  En fait, vous n'auriez pas aimé voir ça.  Ça donnait le goût de pleurer.

Aujourd'hui, je regarde mon grand garçon et je le trouve encore beau.  Je l'ai beaucoup moins dans la peau, mais je l'aime différemment, sincèrement.  Je pense que je l'aime comme on aime un ado, avec ses boutons et son air bête...

- "Maman, à quoi tu penses?"

Je me suis rassise devant cette pile de papier que la tornade a transformé en un fouilli chaotique.

- "Et si on faisait des avions de papier?"

2 commentaires:

  1. C'est fou à quel point les enfants peuvent nous faire réfléchir parfois... Bisous

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  2. C'est tellement compréhensible d'être surprotecteur envers nos enfants, surtout après en avoir perdu un...

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